Le visa French Tech : vers une simplification du recrutement de jeunes docteurs étrangers
Comment inciter les talents du monde entier à rejoindre les start-ups et autres entreprises de l’écosystème technologique français ?
Pas toujours facile d’attirer les jeunes talents… si la France reste un pays attractif pour les étudiants étrangers*, notamment en raison de frais de scolarités relativement faibles à l’université et de la perspective d’obtenir plus facilement un titre de séjour en étant diplômé en France que dans d’autres pays, il n’en est pas forcément de même pour ce qui est des profils hautement qualifiés. Ainsi, une récente note de l’OCDE traitant de l’attractivité des pays membres pour les talents, place la France au 22ème rang sur 35 en ce qui concerne les travailleurs les plus diplômés -c’est-à-dire titulaires d’un Master ou d’un doctorat.
C’est dans ce contexte, et sachant que le recrutement figure -à juste titre- en tête des préoccupations des dirigeants parmi les start-ups de la tech, que le gouvernement a lancé en juin 2017 le « French Tech Visa ». Présenté comme un facilitateur des démarches administratives, ce dispositif visait à simplifier et accélérer les procédures d’obtention d’un titre de séjour (le « Passeport Talents ») pour les entreprises de la French Tech souhaitant recruter des salariés étrangers. L’idée étant d’une part de remédier à la pénurie de talents, d’autre part d’aider les start-ups françaises à se faire une place sur le devant de la scène internationale.
Or, à fin 2018, 150 recrutements seulement auraient été réalisés via ce dispositif. En cause, des critères trop sélectifs et une procédure encore bien longue.
Nouveau Visa French Tech : ce qui change pour le recrutement de talents étrangers
Mars 2019, le secrétaire d’Etat au numérique, Mounir Mahjoubi, propose une nouvelle version du French Tech Visa, destiné à booster de façon significative l’attractivité des start-ups françaises et leur développement sur le plan international.
Côté entreprise, les conditions d’éligibilité ont été assouplies : alors qu’il fallait précédemment être titulaire d’un « Pass French Tech » (ce qui concernait environ 70 entreprises en 2017), il « suffit » aujourd’hui d’être reconnu comme innovant par le Ministère de l’économie et des finances, en remplissant au moins l’un des 3 critères ci-dessous :
- avoir bénéficié d’un soutien public à l’innovation au cours des cinq dernières années,
- avoir une partie de son capital détenu par une entité dont l’objet est « de financer ou investir dans des entreprises innovantes et dont les titres ne sont pas cotés« ,
- être ou avoir été accompagné par une entité spécialisée dans le soutien à l’innovation.
Les autres contraintes concernent l’établissement d’un contrat de travail en lien avec un projet de Recherche et Développement, et une rémunération supérieure à deux fois le montant du smic annuel brut (soit 36500 € environ) pour le salarié étranger.
Côté candidat, la question du diplôme n’entre plus en jeu. Le titre de séjour est toujours valable pour 4 ans, renouvelable, et peut être étendu au conjoint et enfants mineurs du futur salarié.
Enfin, et c’est sans doute un élément-clé de cette nouvelle mouture, la procédure d’obtention du titre de séjour passe de 6 mois à « quelques semaines ».
Il est encore trop tôt pour savoir si ce dispositif revisité tiendra ses promesses, sur la question des délais de procédure notamment, ou s’il sera réellement incitatif et jouera pleinement son rôle d’accélérateur de développement pour nos jeunes entreprises innovantes… on est cependant en droit d’espérer que la lourdeur administrative ne sera plus un frein à l’embauche de Jeunes Docteurs.
* d’après le baromètre Campus France Kantar Sofres 2017
* Tuccio, M. (2019), « Measuring and assessing talent attractiveness in OECD countries », Documents de travail de l’OCDE sur les questions sociales, l’emploi et les migrations, n° 229, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/b4e677ca-en.